En mai 1958 le président français, le Général Charles De Gaulle entreprend une tournée dans les colonies françaises d’Afrique pour proposer à ces colonies le statut de la Communauté au cours d’un référendum qu’il organise courant 1958.
Après plusieurs colonies déjà visitées, De Gaulle arrive d’Abidjan au petit matin du lundi 25 août 1958. L’accueille à Conakry Ahmed Sekou Touré maire de Conakry et numéro 2 du conseil. De l’aéroport à la ville, au siège du gouverneur Jean Mauberna, une foule toute vêtue de blanc l’acclame.
Dans son discours de bienvenue, Sekou Touré acclame haut et fort ce qui étonnera son illustre hôte, « nous avons, quant à nous, un premier et indispensable besoin, celui de notre dignité. Or, il n’y a pas de dignité sans liberté, car tout assujettissement, toute contrainte imposée et subie dégrade celui sur qui elle pèse, lui retire une part de sa qualité d’Homme et en fait arbitrairement un être inférieur. Nous préférons la pauvreté dans la liberté à la richesse dans l’esclavage. »
Visiblement étonné par ce qu’il vient d’entendre, De Gaulle oublie son discours qui était déjà préparé et répond : « j’ai écouté bien entendu avec la plus grande attention les paroles qui ont été prononcées ici et qui me paraissent demander que le Général de Gaulle, le Chef de la France, fasse ici, dise ici ce qu’il faut, pour bien préciser les choses qui doivent être précisées… Cette Communauté, la France la propose ; personne n’est tenu d’y adhérer. On a parlé d’indépendance, je dis ici plus haut encore qu’ailleurs que l’indépendance est à la disposition de la Guinée. Elle peut la prendre, elle peut la prendre le 28 septembre en disant « NON » à la proposition qui lui est faite et dans ce cas je garantis que la Métropole n’y fera pas obstacle. Elle en tirera, bien sûr, des conséquences, mais d’obstacles elle n’en fera pas et votre Territoire pourra comme il le voudra et dans les conditions qu’il voudra, suivre la route qu’il voudra. »
Le 28 septembre 1958, la Guinée a donc voté « Non » contre la communauté proposée par la France avant d’accéder à l’indépendance, le 2 octobre 1958.