L’année 2020 a été marquée en Guinée par de nombreuses violations des droits humains, des tueries. Une situation que dénonce l’activiste des droits de l’homme, Mamadou Kaly Diallo, de la Baïonnette intelligente.
« Faire le bilan des droits humains en Guinée en 2020 revient à un exercice très difficile dans la mesure où ce milieu a été sérieusement affecté pendant cette année-là », a tout d’abord indiqué Kaly Diallo.
Ces violations, dit-il, commencent la restriction des libertés qui est une violation d’un des droits les plus précieux en matière de droits de l’homme, en l’occurrence l’article 15 de la Déclaration universelle des droits de l’Homme.
« Dès au départ la mise en place du Front national pour la défense de la Constitution (FNDC), le gouvernement avait pris une décision d’abord d’interdire les manifestations. Ce qui viole la liberté d’opinion alors que ce sont les libertés les plus fondamentales en matière de droit de l’homme. Deuxième aspect, il y a eu ces multiples atteintes aux vies humaines. Il y a eu l’usage abusif de la force, des maintiens d’ordre disproportionnés qui ont entraîné beaucoup de pertes en vies humaines. Le comble, même un cortège funèbre fut attaqué. C’était du jamais vu en Guinée et un peu partout. Un ambulancier a été tué à Labé alors que les lieux de culte, les lieux sanitaires et para sanitaires, les cortèges funèbres sont sacralisés même en état de guerre », a regretté l’activiste.
Plus loin, il estime que l’Etat a failli à ses obligations : « Il y a aussi eu beaucoup de destructions de biens publics et privés. Or, en matière de droits de l’homme, l’une des obligations fondamentales de l’État c’est de protéger les personnes et leurs biens. Cela suppose que non seulement les édifices publics et privés doivent être garantis, mais aussi et surtout qu’on peut arriver à un maintien d’ordre sans faire atteinte à la vie humaine. […] En matière de droit, la forme commande le fond. À partir du moment où l’arrestation d’un citoyen n’obéit pas aux règles préétablies, ça devient une arrestation arbitraire et cette détention qui en découlerait est forcément une détention illégale, ce qui est très nombreux de nos jours en Guinée. »
Des élections législatives le 22 mars à la présidentielle du 18 octobre, du sang d’innocents a été versé un peu partout. Ce qui, soutient Kaly Diallo, est regrettable pour la Guinée qui vient de très loin : « L’année 2020 a été cette année de violations multiples et graves des droits humains. Et le comble, c’est lors du double scrutin législatif et référendaire controversé du 22 mars 2020 pendant lequel il y a eu des dizaines de morts, beaucoup d’arrestations. A cela il faut ajouter le cas des fausses communes à N’Zérékoré le lendemain de ce double scrutin et la dissimulation des preuves parce qu’il y a une culture d’impunité. On a vu le cas de l’élection présidentielle de 2020 avec une violence inédite qui relève aussi des violations des droits humains. On a assisté à des restrictions des libertés des leaders politiques, de la société civile, des arrestations arbitraires, des détentions illégales alors que dans un État de droit, le processus équitable est un devoir. »
Pour lui, sur le plan des droits de l’homme, l’année 2020 a été chaotique : « Bref, l’année 2020 a été vraiment sombre pour la promotion et la protection des droits de l’homme en Guinée. »