Dans une interview exclusive que le Directeur général d’électricité de Guinée (EDG) nous a accordée ce jeudi 20 octobre 2021, Bangaly Maty est revenu largement sur les réformes engagées dans le secteur énergétique depuis sa prise de fonction, les soupçons de détournement, les rumeurs sur la hausse de son salaire et la hausse des factures de courant.
A cette occasion, le premier responsable de l’EDG a rappelé l’état des lieux du secteur de l’électricité très névralgique
«A ma prise de fonction en février 2020, j’ai engagé une revue approfondie de la structure d’EDG. En travaillant avec trois équipes que nous avons mises en place. Chaque équipe est composée des membres des différents départements, pour comprendre les défis auxquels EDG est confrontée. Ce travail a pris environ un mois, à la sortie de cet exercice, nous sommes arrivés à la conclusion que les difficultés auxquelles EDG fait face, peuvent être regroupées en quatre catégories. La première, c’est le défi relatif à la subvention. L’EDG est aujourd’hui subventionnée aux alentours de 3 500 milliards de francs guinéens/an. C’est énorme, on ne peut pas continuer comme ça.
La deuxième, c’est la sécurisation des recettes. Mettre des voix et moyens en place pour sécuriser le peu qui est gagné par la compagnie.
La troisième, c’est des questions relatives aux ressources humaines. À l’EDG, nous avons environ 1450 employés. 78% des travailleurs ont plus de 40 ans; 51% ont plus de 50 ans. Les cadres supérieurs sont vieillissants. Ceci c’est une problématique à laquelle la compagnie fait face.
La quatrième, c’est l’engagement des parties prenantes. Tous les problèmes auxquels nous faisons face, sur les réseaux, l’incompréhension relative au paiement des factures d’électricité, des coupures des consommations abusives…, ces facteurs méritent d’être expliqués à la population et aux autorités pour trouver des solutions qu’il faut. J’ai trouvé quand même une EDG au sein de laquelle il y a eu assez d’investissement, notamment dans la construction des barrages électroniques», a-t-il indiqué.
Par ailleurs, M. Maty se dit conscient des attentes des populations qui sont habitués à avoir le courant presque tous les jours. Cependant, il explique les raisons qui font qu’EDG est obligé de couper le courant à des moments.
«Je pense que la question est en droit d’être posée. Les attentes des populations augmentent et c’est normal. On est habitué aujourd’hui à avoir le courant 24h/24, donc ces délestages n’arrangent pas ces populations. La nature des coupures que nous avons, au niveau du déclenchement général, c’est que l’énergie ce n’est pas qu’un interrupteur, c’est un processus. Il y a la production, le transport, et la distribution. L’énergie est produite, il faut la transporter et la distribuer. Sur les lignes de transport, on a que deux. Si quelque chose arrive à une de ces lignes, toute la source de production sur cette ligne est coupée. Cela arrive indépendamment de la volonté de la compagnie», a-t-il expliqué.
Les deux types de coupures sont dues à la nature du réseau. A Conakry, on a cinq gros postes qu’on appelle postes sources qui ont des puissances limitées. A un moment, quand la demande d’électricité est supérieure à ce que ces équipements peuvent fournir, ils n’ont plus la possibilité de fournir. Soit ça déclenche totalement, soit on est obligé de couper certains consommateurs pour que le système ne déclenche pas. C’est pourquoi dans certains quartiers, il n’y a pas de courant de 19heures à 00h, mais il revient à partir de minuit. Entre 2017 à 2020, la production a augmenté de 78%. On a quitté 1117 GWH pour monter à 1995 GWH. C’est énorme. Il y a des phénomènes de réseaux de fortunes que les populations créent elles-mêmes. Ces réseaux posent des pertes techniques qui se font dans le dos d’EDG», a évoqué le DG.
Profitant de cette occasion, Bangaly Maty a apporté des éclaircissements sur les soupçons de détournement de fonds au sein de sa société.
Il vous souviendra que la direction des ressources dont M. Appolinaire Haba en est le premier responsable, avait été accusé d’avoir détourné la bagatelle de 3.000.000.0000 GNF (trois milliards GNF).
«Nous avons lancé un projet majeur de mise en place d’un système commercial. Nous avons commencé la mise en place d’un projet appelé PGI. C’est au cours de la mise en place de ce projet, qu’on a constaté des malversations potentielles, sur lesquelles les audits ont été faits . Nous avons trouvé que depuis des années, il y a un réseau de travailleurs qui fait des surfacturations de paiement. Les auteurs ont été identifiés et arrêtés, ils ont été soumis à un conseil de discipline.
Le fait est que, dans les entreprises, il peut y avoir ces genres de comportements qui ne sont pas du tout acceptables. Quand les fautes sont commises, il y a des sanctions qui partent de l’avertissement jusqu’au licenciement. En fonction de nos règles, nous allons prendre des dispositions contre ces individus».
Au-delà du Directeur des ressources humaines, une année après la prise de prise à la tête de l’EDG, Bangaly Maty, en personne, a été accusé d’avoir rehaussé son salaire à hauteur de 300%. Des accusations que le concerné à balayé d’un revers de main en apportant des précisions.
«EDG a été gérée jusque-là par un organe externe, Veolia. Suite à cela, il a été décidé de recruter des Guinéens de qualité qui pourraient prendre la relève. Pour le poste du DG, il y a eu 83 candidats évalués par un Cabinet. Je me suis retrouvé parmi les meilleurs. Je peux vous garantir que je gagne 25% de ce que j’ai l’habitude de gagner avant d’occuper ce poste. Il n’appartient pas au DG de décider de son propre salaire. Le DG actuel d’EDG ne gagne même pas 30% de ce que son prédécesseur gagnait».
A la question de savoir quels sont ses relations avec les nouvelles autorités, notamment le CNRD, le Directeur général de l’électricité de Guinée indique que la collaboration est bonne.