Division ethnique comme méthode et corruption pour modèle de gouvernance de l’Etat guinéen, le syndicaliste, Mamadou Mansaré de la Confédération nationale des travailleurs de Guinée (Cntg) s’indigne et affiche son scepticisme pour l’avenir de la démocratie dans le pays.
Au lieu d’utiliser les forces de sécurité pour encadrer, dans leur rôle républicain, les mouvements de contestation, afin que les citoyens puissent jouir tranquillement de leurs droits, le syndicaliste Mamadou Mansaré regrette que l’Etat guinéen ait choisi d’utiliser la manière forte, celle d’interdire les manifestations pour les réprimer.
L’intervention violente des forces de sécurité, vendredi 17 août, pour empêcher la marche des syndicalistes contre le bail du port autonome de Conakry à la société turque Albayrak et le refus du gouvernement de diminuer le prix du carburant à 8 000 Gnf est un preuve de restriction de liberté, estime-t-il.
«L’objectif de la marche de la colère c’était pour dénoncer ce qui se passe dans le pays. Notre démocratie pour laquelle nous nous sommes battus et payés un lourd tribut en 2007 est en train de devenir un monstre. Notre but était de nous rendre à l’Assemblée nationale pour remettre un document où est consignée notre plateforme revendicative dans lequel nous dénonçons tous ce que nous constatons comme tares de la gouvernance dans ce pays . Du bail illicite du port jusqu’aux dépenses illicites qui se trouvent dans le budget, le manque de certaines régies dans les recettes. Les passation de gré à gré, la corruption qui est en train de gangrenée notre pays, les divisions ethniques devenues une politique», dénonce-t-il.
«Notre peuple, notre nation est en danger, alerte-t-il. Cette République (la Guinée, Ndlr), c’est nous ( les syndicalistes, Ndlr) qui l’avons fait naître en 1958, l’indépendance. Donc, notre devoir c’est de protéger notre démocratie», assure-t-il.
Le syndicaliste ne cache pas aussi sa déception face aux accusations de corruption dont sont l’objet les syndicalistes et le manque de soutien des populations à la lutte pour la diminution du prix du carburant.
«Nous avons démontré que notre mouvement syndical n’est pas corrompu comme le pensent certains. Nous savons prendre notre responsabilité quand il le faut, au moment qu’il le faut. (…) C’est une grande victoire pour nous malgré qu’il faut reconnaître que la population ne nous a pas accompagnés. Pourtant , c’est une fierté de nous battre et de continuer à nous battre pour le peuple de Guinée même s’il faut payer de notre vie».