Bien que la durée du bail du port de Conakry engageant l’Etat guinéen et la société turque Albayrak soit de 25 ans, il n’y a pas de raison de s’inquiéter, selon le ministre des Transports. Ce contrat de concession, souligne Aboubacar Sylla, est mieux que l’usine Friguia dont le chef de file de l’opposition, Cellou Dalein Diallo, Premier ministre a l’époque, est accusé par ses détracteurs de l’avoir vendu à 19 millions Usd, en 2004, sans tenir compte de l’intérêt de la Guinée.
L’ancien porte-parole de l’opposition devenu ministre des Transports a précisé que la concession était prévue pour 30 ans avant d’être ramenée à 25 ans à la suite des négociations entre les parties. «C’est une question de flux financiers. On peut faire une concession de 10 ans. Mais, en ce moment, on ne peut pas exiger de l’opérateur de réaliser des investissements d’une certaine envergure. Si c’est une question de flux financiers pour une concession de 25 ans que ça donne lieu à des flux financiers de telle ampleur . Donc, la société est en mesure d’investir tel montrant qui peut être amorti pendant la durée de la concession. C’est un choix. On pourrait faire une concession de 10 ou de 15 ans, mais on aurait pas eu tout ce que j’ai cité comme réalisations prévues sur lesquelles s’est engagé le groupe Albayrak. La plus part des concessions portuaires c’est 20 ans pour permettre l’investissement de connaître son retour pour l’investisseur. C’est tout, sinon , il n’y a pas de fétichisme en la matière», justifie-t-il.
Selon le ministre Aboubacar Sylla, le bail du port n’est pas lié à un manque de savoir faire ou de mauvaise qualité de gestion, mais de financement. «Ce n’est parce que la directrice (Hawa Kéita, ndlr) gère mal ou qu’elle ne peut pas faire face aux contraintes ou aux obligations qu’on a de faire l’extension et la modernisation du port. C’est parce que l’Etat guinéen ne peut pas mettre 500 millions Usd dans le port autonome. Alors qu’il a des problèmes de centres de santé, d’écoles et des transports publics qui ne sont pas résolus».
Réagissant à ce contrat de concession, l’opposant Cellou Dalein Diallo a dénoncé l’opacité de la procédure : « C’est dans l’opacité totale, sans aucune étude préalable, sans aucun appel à la concurrence et aucun cahier de charge».
Le ministre Sylla lui répond que la concession du port, «ce n’est pas comme l’Usine Friguia qui a été définitivement vendue à Rusal (en 2004 alors que Cellou Dalein était Premier ministre). Puisqu’on a aujourd’hui un grand problème avec RusAl à cause des rails. Il y a loi ferroviaire qui est bloquée à cause de ça. On voulait organiser une mutualisation des lignes de chemin de fer pour que toutes les sociétés puissent les utiliser. Mais voilà que les rails ont été vendus à Rusal. Mais ce n’est pas le cas du port qui est mis en concession . C’est comme si on privatise la gestion, mais le patrimoine appartient toujours à l’Etat».
Le contrat de bail n’est pas désavantagé pour l’Etat guinéen, assure le ministre. «On peut sortir de la concession à tout moment. S’il n’y a pas de respect des engagements ou même pour cause d’utilité publique cela est prévu dans le contrat. Dans ce cas, il n’y a que des indemnisations quille faut régler à Albayrak et reprendre le port. Franchement, je ne vois pas le problème si vous avez un opérateur qui vous apporte de l’argent, qui modernise votre port. Lui-même est impliqué dans la gestion. Ce sont ses capitaux qu’il investit. Il a donc intérêt, plus que quiconque, à ce que le port soit rentable. Donc, il va nécessairement embaucher du personnel parce qu’il va étendre ses activités. Au lieu de 9 millions tonnes, peut être, Il va passer dans quelques années à 12 millions et il y aura plus de travail pour les dockers, les transitaires, les manutentionnaires. Personnellement, je ne vois pas d’inconvénients dans la mise en concession du port».
«L’Etat gestionnaire, ce temps est révolu et ça appartient au passé. L’Etat est mauvais gestionnaire», a déclaré M. Sylla qui, toutefois, a noté que «l’Etat doit être une puissance publique, faire de la régulation et assister le privé gérer. Avec la mise en concession, l’Etat gagne plus, à tout point de vue, et au niveau des taxes, et au niveau des impôts ainsi qu’au niveau des redevances et des emplois. Parce que la concession va plutôt créer des emplois que d’en supprimer», a-t-il rassuré.