Au cours d’un entretien qu’il a accordé à notre rédaction depuis Dakar, le président du parti de la libération populaire (PPL) a abordé plusieurs sujets d’actualités.
Du passage du Premier ministre Kassory Fofana à l’Assemblée nationale à la fermeture des frontières guinéennes avec certains pays voisins en passant par la cherté de la vie, l’opposant Cheick Traoré, a presque tout évoqué.
«Si le gouvernement ne sait pas d’où est venu l’ordre de casser les maisons des citoyens, ils n’ont qu’à montré aux victimes qui a cassé leurs maisons, sanctionné le ministre qui a pris cette décision et le viré du gouvernement […]», a-t-il réagi au passage du PM à l’hémicycle
Guinée360 : Quelle est votre analyse de la situation économique actuelle de la Guinée ?
Cheick Traoré : La situation économique de la Guinée est caractérisée aujourd’hui par l’inflation qui porte un coup dur sur le pouvoir d’achat des Guinéens. Cela peut s’expliquer par plusieurs facteurs. D’abord l’organisation des dernières élections et les violences qui en ont suivi n’ont pas permis aux partenaires d’accompagner notre pays. Et récemment le gouvernement a annoncé l’augmentation du prix du carburant, et quand c’est comme ça, les gens cherchent à se protéger en augmentant les prix. Face à cette situation, moi je pense qu’on ne peut pas en vouloir à quelqu’un, mais l’État doit faire en sorte que l’augmentation des prix ne puisse pas influencer les conditions de vie des Guinéens. Que des mesures d’accompagnement pouvant permettre aux citoyens de mieux gérer cette situation puissent être envisagées.
La Guinée a ses frontières fermées à certains pays voisins depuis le mois d’octobre 2020. Est-ce que vous ne pensez pas que cela aussi a contribué à aggraver la crise économique ?
Vous savez bien que c’est la Guinée qui a initié la fermeture de ces frontières notamment avec le Sénégal. Mais ce n’est plus la Guinée qui entretient cette fermeture. La Guinée avait fermé les frontières depuis le mois d’octobre, ça veut dire que c’est la Guinée qui se plaigne, ça veut dire que c’est la Guinée qui réclame quelque chose. Si pendant ce temps le pays continue de clamer cette fermeture et que les pays qui sont concernés ne réagissent pas, ça veut dire qu’ils se reprochent de quelque chose. Donc à mon avis tant que c’est comme ça, ces frontières doivent rester fermées jusqu’à à ce qu’il y ait la volonté de participer et d’autres pour la réouverture de ces frontières.
Revenons sur l’augmentation du prix du carburant. Est-ce que vous croyez que les arguments du gouvernement sur cette question sont fondés?
D’abord ce que moi je ne comprends pas c’est quand on compare notre pays à certains pays voisins. Parce que quand vous prenez le prix dans ces pays vous verrez que c’est différent. prenons le carburant au même endroit. De l’autre côté, je pense que la population doit accepter de serrer un peu la ceinture pour que cette augmentation là puisse refléter sur le niveau du développement qu’on a. Mais du côté du gouvernement on ne doit pas faire payer beaucoup d’argent à la population et que cet argent là à cause de la corruption qui gangrène notre pays soit détourné. C’est pourquoi il faut dire aussi à l’État de faire en sorte que les recettes budgétaires soient protégées afin qu’ils puissent être utilisées à bon escient.
L’actualité en Guinée c’est aussi le passage du Premier ministre à l’Assemblée nationale. Est-ce que pour vous Kassory Fofana a été convainquant ?
Personnellement, j’ai vu un Premier ministre peu convaincant. Parce que quand il s’est réjoui par exemple d’avoir emmené la stabilité en Guinée, tout le monde sait que cette stabilité n’est pas totalement au rendez-vous. Sur le plan politique moi je me dis qu’on a juste mis la crise en pause, il y a aujourd’hui des acteurs politiques de l’opposition qui ont des réclamations, quand vous prenez Cellou Dalein Diallo, qui est même en une sorte de prison à ciel ouvert parce qu’il ne peut pas sortir de son pays, certains opposants sont en prison. Donc tout ça moi je dis qu’il n’y a pas de stabilité c’est juste les meneurs des activités au niveau de l’opposition qui sont neutralisés. C’est une stabilité qui peut resurgir à tout moment lorsque les choses ne s’améliorent pas. Par contre, je suis d’accord avec lui quand il dit que la sécurité des Guinéens est non négociable mais seulement je l’invite à travailler de sorte que cette sécurité puisse être garantie.
Certains passages de son discours ont attiré l’attention de l’opinion c’est notamment celui relatif au déguerpissement. Ça vous a inspiré quoi quand vous l’avez entendu sur ce sujet ?
Il faut que ceux qui nous dirigent actuellement arrêtent de prendre les Guinéens comme des bêtes. Il faut qu’on respecte les Guinéens. C’est inadmissible voir inacceptable que le chef du gouvernement s’arrête devant le peuple de Guinée et dire qu’il n’est pas au courant de ce qui se passe. Ça veut dire que dans ce gouvernement il n’y a plus de contrôle. A mon sens, le Premier ministre devrait démissionner et laisser la place à d’autres personnes qui peuvent conduire le pays. Aujourd’hui, c’est des Guinéens qui ont perdu leurs maisons, qui ont perdu leurs efforts de plusieurs années. De l’autre côté, si le Premier ministre comme il l’a dit que le gouvernement n’est pas au courant pourquoi pas sanctionner le ministre qui a pris délibérément cette décision et le viré du gouvernement. Si réellement ils ne sont pas au courant ils n’ont qu’à montré aux victimes qui a cassé leurs maisons.