Les violences sexuelles prennent une proportion importante en Guinée. Une question qui inquiète l’opinion publique. Interrogée ce mardi 17 août 2021, l’avocate Halimatou Camara énumère certaines priorités pour faire reculer ce phénomène.
«Il faut faire en sorte que tous les acteurs soient mieux informés et comprennent que le viol est un crime. Moi en tant qu’acteur de la justice, à chaque fois que je prends des dossiers de viols ou de violences sexuelles, j’ai l’impression qu’il y a une forme de banalisation», affirme-t-elle.
Plus loin, cette activiste appelle à une prise de conscience collective pour mieux cerner le fléau.
«Ils faut qu’on prenne conscience que les violences sexuelles c’est des crimes tout comme le vol à mains armées. Donc qu’on prenne au sérieux tout ce qui est violence sexuelle et tout ce qui est violence basée sur le genre», a laissé entendre Me Camara lors d’un entretien chez nos confrère de Fim FM.
À la question de savoir quelles sont les peines prévues en matière de violences sexuelles en Guinée. Me Halimatou camara répond: « Il y a une grande tranche de peines. Par exemple il y a des condamnations de cinq (5) à dix (10) ans. De dix (10) à vingt (20) ans et de vingt (20) ans à la réclusion criminelle. Et cela est possible c’est lorsqu’un certain nombre d’éléments existent. Lorsque c’est un mineur, lorsque cela entraine une mort, une mutilation grave ou le fait que la personne perd l’usage de ces membres pour ne citer que cela. Donc c’est en cela que la connaissance des textes législatifs en la matière sont extrêmement importants».
L’implication des pesanteurs socio-culturelles dans la conduite des dossiers de viol en matière de procédure judiciaire est un frein dans l’éradication des violences sexuelles, affirme l’avocate. Pour elle, il faut que les gens considèrent le viol comme un cas grave.
«La vérité de ces pesanteurs socio culturelles c’est du fait qu’ils considèrent que le viol n’est pas aussi grave. Je pense qu’il faut mettre dans leurs esprits que la femme n’est pas obligée d’accepter les rapports sexuels. Il faut savoir que la femme est un être à part entière. Elle a le droit de dire oui comme elle a le droit de dire non. Va-t-on continuer à dire que ce sont des choses qui n’honorent pas là société ? Et que parfois qu’on préfère taire le viol pour un soi-disant honneur. Et cet honneur là n’apporte rien à la société. Il faut que cela cesse», a-t-elle ajouté.