À Conakry depuis le 3 avril, dans le cadre de la première revue du programme Facilité élargie de crédit (Fec), la mission du Fmi a présenté ce dimanche, au cours d’une conférence de presse, les résultats de ses observations.
Durant son séjour, les experts du Fmi et les différents services des ministères du Budget, du Plan et de l’Economie, ainsi que la Banque centrale ont eu à échanger et à examiner un certain nombre de points portant sur la performance budgétaire dans ses volets recettes et dépenses, et à aborder des questions liées à l’exécution du budget d’investissement.
Selon la chef de mission du Fmi en Guinée, Georgia Albertin, le but était de conduire la première revue du programme FEC signé entre la Guinée et le Fmi le 11 décembre 2017. «L’objectif c’était, avec les autorités guinéennes, de faire le point sur la performance en fin 2017 et de discuter ensemble les objectifs de la politique budgétaire, la politique monétaire et la politique des taux de change pour le futur. Tout en prenant en considération que le programme du Fmi a l’objectif de soutenir les politiques économiques des autorités guinéennes qui vont dans la direction de générer une croissance inclusive et réduire la pauvreté tout en préservant la stabilité macro-économique».
Une performance économique
La FEC est un programme qui s’étend sur 3 ans portant sur 170 millions USD qui donnera lieu à un décaissement par tranche de 25 millions par semestre. «Quand on regarde l’année 2017, les grands agrégats, on voit que l’économie guinéenne est en train de s’accroître à un niveau élevé. Le taux de croissance demeure encore très élevé. En 2016, c’était un taux de croissance de 8 et demi. Et on s’attend encore à une croissance autour de 8% au moins pour 2017. L’économie à véritablement rebondi de la situation qu’on a observée en 2014, 2015 à cause de l’épidémie Ebola, une croissance à deux chiffres tirés par le secteur minier».
Toutefois , note la chef de mission, une certaine augmentation de l’inflation a été constatée vers la fin de 2017 dominée par une hausse des prix des produits alimentaires. Par contre, souligne l’experte, au niveau du secteur extérieur, la très bonne performance des exploitations du secteur minier a permis de réduire les balances extérieures et d’accumuler des réserves à la Banque centrale.
«Du côté budgétaire, la performance a été moins bonne qu’attendue, les recettes étaient plus bas que prévues et les dépenses étaient plus élevées que budgétisées. Le fait qu’en fin, à partir de 2018, la mise en place des mesures correctives peut ’assurer que la politique budgétaire puisse être véritablement un soutien de la stabilité macro-économique. Au-delà de la performance en 2017, c’est très important de se concentrer en terme de l’ensemble des politiques économiques des autorités guinéennes qu’elles visent à mettre en place afin de soutenir cette stabilité macro-économique pour créer de l’espace pour les dépenses en infrastructures qui sont importantes et qui puissent soutenir la croissance et diversifier l’économie».
Les sources de dérapage
Tout en admettant que la performance macro-économique a été moins bonne que prévue, en fin 2017, avec des moins values accusées au niveau des recettes et également des dépenses supplémentaires, la ministre de l’Economie, Maladho Kaba, explique les principales sources des ces dérapages. «Nous avons notamment, en ce qui concerne le secteur de l’électricité, eu à augmenter la subvention au-delà du montant prévu dans notre budget initiale de 2017. Il y a également des pertes qui sont dues, notamment à des exonérations qui ne sont pas réglementaires. Nous avons également eu à exécuter des dépenses supplémentaires pour des projets d’investissement notamment des pistes rurales. Ce type d’infrastructures est extrêmement important notamment pour désenclaver nos zones de production agricole. Certaines dépenses additionnelles ont été enregistrées en ce qui concerne la préparation des élections locales en début d’années».
Des mesures correctives
Le gouvernement a pris des mesures correctives pour faire face aux écarts constatés dans le budget. «Je peux déjà dire que dès le mois de janvier, ces mesures ont porté leurs effets puisqu’au niveau du plan budgétaire, nous revenons à une situation où nous accusons, désormais un excédent budgétaire. Toutefois, nous avons également identifié d’autres mesures qui nous permettront de rétablir la situation d’ici la fin de l’année et donc, de permettre une exécution adéquate de notre programme macro-économique comme nous nous y sommes engagés».
Les excédents budgétaires
En outre, l’Etat a pris des mesures pour renforcer le processus de planification et de précision au niveau budgétaire avec la mise en place d’une meilleure coordination. «Il y a un Comité d’engagement qui a été mis en place par le ministre du Budget, l’année dernière, et qui est entrée dans une phase pleinement opérationnelle. Nous avons également fait en sorte d’améliorer, c’est un processus qui est en cours, la prévision au niveau des recettes à travers la mise en place d’un comité d’appui technique. C’est une mesure importante parce qu’elle permet de mieux caler les prévisions avec les réalisations. Nous avons également pris des mesures plus restrictives au niveau des dépenses pour être sûrs que ce que nous dépensons, nous le faisons quand nous savons que les dépenses sont bien là».
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