Comme préalablement annoncé, le procès militaire qui concerne colonel Issa Camara et ses soldats a débuté ce 15 janvier 2018 à Labé. 24 militaires et trois civils ont tous décliné leur identité devant le président de la cour.
Ouverte à 10h30, l’audience a démarré par la lecture des charges reprochées aux accusés, effectuée par le procureur militaire, Sékou Damaro Camara.
Le président du tribunal de Labé, Koli Kemo Camara, a, à son tour, rassuré que le procès se tiendra dans de très bonnes conditions et dans la plus grande impartialité. Il a ensuite, vers 11h50, ordonné la suspension de l’audience pour quelques minutes avant sa reprise.
Là, les différents accusés ont été invités à décliner leurs identités (âge, situations matrimoniales, professions), à commencer par Issa Camara.
Colosse, vêtu de sa tenue militaire, les yeux rouges, la tête bien rasée et plusieurs bagues aux doigts, le colonel était tantôt souriant, tantôt incliné, tantôt crack au moment de la lecture des faits.
Quant à la question du président du tribunal de savoir si le Colonel Camara reconnaissait les accusations portées contre lui, il a tout simplement répondu par la négation.
Sans lui donner le temps d’aller plus loin, ce sont les avocats de la défense qui ont demandé la parole. Ils ont réclamé l’annulation pure et simple de l’ensemble des actes et de l’ordonnance qui ont conduit au procès, prétextant que la procédure dans son ensemble contient d’irrégularités. En défendant ses clients militaires, la défense est allée jusqu’à qualifier d’incompétent le pool de juges qui a instruit le dossier.
Faux, rétorque la partie civile qui a estimé que la défense «a l’art de semer le doute ». « À la veille du procès, les accusés doivent normalement se constituer en prisonniers. Nous sommes surpris de constater qu’ils sont venus dans leur propre véhicule et que certains d’entre eux ont même été désarmés en entrant dans la salle d’audience. Nous demandons au président d’agir en conséquence », rappelle la parie civile.
S’appuyant sur des articles du code de procédure pénale et/ou militaire, les avocats de la partie civile ont soutenu qu’aucun argument apporté par la défense ne peut empêcher la tenue du procès. Sans surprise, des attaques et contre-attaques verbales ont animé les débats entre avocats, s’indexant parfois directement.
Le président du tribunal procède une seconde fois à la suspension de l’audience à 14 heures 15 minutes.
Par moment, les bruits et chuchotements des citoyens venus suivre le jugement ont perturbé l’audience. Les portes de la salle avaient été momentanément fermées et d’autres citoyens contraints de sortir de la cour.
Selon nos informations, ce procès doit se tenir chaque jour de 10 heures à 18 heures et moins pour une dizaine jours.
Nous y reviendrons…