À l’occasion de la journée mondiale contre le travail des enfants, ce jeudi 12 juin 2019, nous avons donné la parole à Thierno Bouboucar Ly. Ce jeune garçon, âgé à peine de 13 ans, a perdu son papa. Il raconte sa vie de cireur de chaussures, ce métier, dit-il, qu’il a choisi après avoir quitté malgré lui l’école pour subvenir au besoin de sa maman, veuve.
Visiblement trop jeune, Thierno est pourtant habitué à la vie dure comme de nombreux autres enfants cireurs à Conakry. Chaque jour, explique-t-il, il doit se lever à 6h pour sillonner dans les quartiers de Keitaya, Kagbélen ou KM36. Il lave et cire les chaussures à des prix qui varient entre 1000, 1500 et 2000 Gnf.
Il est déjà 18h, Thierno est assis sur un banc au bord de la route. “cirage”, lance-t-il aux passants. «Si je reste jusqu’à cette heure tardive sur la route c’est pour chercher les derniers clients. Parfois, tu peux tourner toute la journée dans les quartiers sans rien gagner et en rentrant le soir, tu trouves les clients. Je tente mes dernières chances avant de rentrer chez moi», explique-t-il.
Pour ce qui est de son revenu, Thierno ajoute: «Il y a des jours où je peux gagner 30.000 Gnf, mais c’est rare. Parfois aussi, tu ne gagnes rien. Je prends dans ce que je gagne pour envoyer une partie à maman restée au village dans le Fouta. Je mange une partie et j’épargne le reste».
«Je n’ai pas eu la chance de continuer mes études. Après le décès de mon papa, il y a quelques années, j’ai préféré abandonné, faute de soutien. Ma maman est au village. Elle ne compte que sur mon frère et moi», témoigne-t-il.
En l’absence de possibilité de retourner à l’école pour apprendre comme certains enfants de son âge, Thierno Boubacar ne compte pas abandonner le cirage à moins d’avoir un travail plus rentable.
Au KM36, nombreux sont ces enfants de moins de 18 ans qu’on rencontre au carrefour et qui ont abandonné l’école par manque de soutien. Ils sont rabatteurs, vendeurs ou qui transportent des bagages.
De nos jours (en 2019), environ 152 millions d’enfants dans le monde sont encore astreints au travail des enfants, selon l’Organisation internationale du travail (OIT). À l’occasion de cette journée, nous avons rencontré Thierno Boubacar Ly, ce petit cireur à kilomètre 36, préfecture de Coyah, qui nous a dépeint son calvaire dans son petit business.
Dans un rapport sur la situation des enfants en Guinée en 2015, l’UNICEF estime que 73% des enfants guinéens ont une activité professionnelle alors qu’ils n’ont pas atteint encore l’âge minimum d’embauche dont 61% travaillent en tant que domestiques.
Bien que l’enfant soit protégé par la Constitution et le Code de l’enfant, il faut noter que l’accomplissement de tous les droits de l’enfant demeurent une nécessité impérieuse pour la Guinée.