L‘ancien Premier ministre congolais Augustin Matata, le formateur des ministres guinéens sur le leadership et le management, au fil du temps, se construit en Guinée, un nouveau leadership et une nouvelle réputation parfois surfaite. Cela lui permet, sans nul doute, de se faire une place au soleil dans la nouvelle politique de gestion du pays, labelisée “Gouverner autrement”.
l’histoire d’une machine à 7,9 millions USD payée par le «Bureau» de Matata, mais « jamais livrée ». Dans une série d’enquêtes à lire dans les prochaines heures sur POLITICO.CD, plusieurs rapports exclusifs, dont celui de l’Inspection Générale des Finances (IGF), éclaboussent l’ancien Premier Ministre Augustin Matata, autour du projet agro-alimentaire de Bukanga Lonzo.
6 mois d’enquête. C’est ce que la rédaction de POLITICO.CD s’apprête à rendre public dans les prochaines heures autour de l’affaire Bukanga Lonzo. Le média congolais a interrogé plusieurs acteurs impliqués dans ce fiasco, mais également des documents exclusifs, déballant un scandale d’Etat. L’un d’entre eux est le rapport époustouflant de l’Inspection Générale des Finances, un service de la Présidence congolaise, qui a enquêté, durant 20 jours, autour de ce dossier. Le verdict est sans appel. L’inspecteur Thierry Mutombo, Chef de mission, ne va pas par quatre chemins, mettant directement en cause l’ancien Premier Ministre Augustin Matata Ponyo.
Selon ce document consulté par POLITICO.CD en exclusivité, l’ancien Premier Ministre est accusé d’être l’auteur « intellectuel » de la débâcle de Bukanga Lonzo. L’affaire la plus remarquablement citée est celle d’une « machine » coutant plus de 7,9 millions de dollars américains, qui n’aura jamais été livrée. Par ordre de paiement informatisé (OPI), relate ce rapport, le Trésor public congolais a procédé au paiement de deux tranches d’un montant total de 7.392.162.577,00 CDF, soit 7.989.408.08 USD pour l’achat de « Ultimate Building Machine » pour le compte du projet Bukanga Lonzo. Problème, ce paiement adressé à une société dénommée MIC Industries, bien qu’encaissé, n’a jamais produit de fruit. La machine en question, une « usine mobile, destinée à construire des installations industrielles, agricoles, commerciales »… n’a jamais été livrée.
« Cet équipement n’a pas été trouvé sur le site de Bukanga Lonzo », affirme ce rapport. Les enquêteurs affirment par ailleurs avoir joint le responsable de la société bénéficiaire du paiement, qui s’en étonne comme eux. Répondant aux Inspecteurs des Finances par son email du 16 novembre 2020 en rapport avec l’ensemble de paiements dont a bénéficié Africom ( société mère de la filiale MIC Industries) et ses filiales, Mr. Christo Grobler, Administrateur d’Africom a déclaré : « Ceci a été un grand choc pour moi comme, je n’avais pas réalisé ou imaginé une pareille corruption ou fraude à grande échelle qui s’est produite. Ceci apporte beaucoup d’éclairage sur beaucoup de choses. C’est pourquoi, nous étions traités de manière hostile et beaucoup d’autres situations ont été insupportables un peu plus tard », a-t-il écrit, dans un mail dont la capture d’écran a été insérée dans le rapport consulté par POLITICO.CD.
La machine n’ayant pas été livrée, mais le paiement, confirment les enquêteurs de l’IGF, est bel et bien effectué en deux tranches par le Trésor public en direction du fournisseur sud-africain. D’abord en date du 14 juillet 2014, pour un montant équivalent à 4.161.715.00 USD et en date du 20 septembre 2014, pour un montant équivalent à 3.827.693.09 USD.
Dans ce rapport de l’IGF, les Inspecteurs concluent qu’il s’agit bel et bien d’un cas de détournement. Ils affirment par ailleurs que ce paiement a été initié par le « Bureau du Premier ministre honoraire, le Sénateur Augustin Matata Ponyo Mapon ». «À ce jour, soit 6 ans après, l’équipement n’a toujours pas été livré », disent-ils.
POLITICO.CD, qui rendra public sa série d’enquêtes dans les prochaines heures, n’a pas pu joindre l’ancien Premier Ministre, malgré ses multiples tentatives. Cependant, Augustin Matata Ponyo avait dénoncé ce rapport de l’IGF, allant jusqu’à menacer de poursuivre cette institution en justice pour atteinte à l’honneur et fausses accusations. L’ancien Chef du gouvernement parle d’une cabale politique et de l’instrumentalisation de l’Inspection Générale des Finances.