La gestion intégrée et durable des ressources en eau est une préoccupation majeure du Partenariat régional ouest africain de l’eau dont une mission a séjourné du 25 au 28 février à Conakry. Son chargé de communication, le Malien, Sidi Coulibaly a accordé une interview à Guinee360.com. Lisez !
Guinee360: Vous avez effectué une visite de travail du 25 au 28 février 2018 à Conakry sur invitation du Partenariat national de l’Eau. Quelle évaluation faites-vous de cette mission?
Sidi Coulibaly: Nous sommes à Conakry dans le cadre d’une mission conduite par le Pr Amadou Hama Maïga, président du Partenariat régional, en compagnie du secrétaire exécutif Armand HOUANYE et moi-même. J’avoue que partout où nous sommes passés, nous avons senti l’accompagnement des autorités et des institutions pour aider le Pnegui à mieux organiser ses activités dans le cadre de la Gestion intégrée des ressources en eau (Gire). Qu’il s’agisse de la ministre en charge de l’Environnement, de l’Energie, ou encore de la Société des Eaux de Guinée (Seg), du Fonds de l’Hydraulique, du Fonds vert climat, ou encore du Conseil économique et social (Ces) ou de l’Assemblée nationale, nous avons compris qu’il y a une volonté de l’accompagner et cela nous réconforte.
Sur quoi va se baser la collaboration entre Partenariat régional de l’Eau et le Partenariat national de l’eau de Guinée (Pnegui)?
Vous savez, le Pnegui a traversé des difficultés avec beaucoup de léthargie, et depuis décembre dernier, le bureau a été renouvelé. Nous avons fait le point avec eux. Nous allons les accompagner selon nos moyens. Il y a par exemple des projets régionaux qui sont en cours notamment le projet Mekrou, ou encore le programme 2014-2019 qui arrive à terme, certes, mais nous allons voir comment insérer le Pnegui dans ce programme et l’accompagner à la mise en œuvre de son plan d’action déjà élaboré. Bien évidemment, il y a la question des ressources, et donc, nous allons les appuyer techniquement et à la recherche de fonds.
En tant que château d’Afrique de l’Ouest que rôle doit jouer la Guinée?
C’est le château d’eau de l’Afrique de l’Ouest donc, autant la Guinée doit œuvrer pour la protection des têtes de sources des fleuves et bassins, autant les autres pays doivent en faire autant. Fort heureusement, nous avons senti que c’est une préoccupation pour les ministres de l’Environnement des Eaux et Forêts, et de l’Energie. C’est une action vers laquelle d’ailleurs nous encourageons le Pnegui. Au niveau régional, nous avons pris l’engagement dans un bulletin de haut niveau scientifique très lu, «Running water», nous allons faire un numéro spécial sur les ressources en eau de la Guinée. Notamment, dans le massif du Fouta Djallon.
Pourquoi la question de l’eau est une urgence dans l’agenda du Partenariat régional?
Le Partenariat mondial de l’Eau a été créé pour aider les pays à gérer de manière intégrée et durable leurs ressources en eau à travers un cadre juridique et institutionnel. L’eau est l’élément central de tout développement. On ne peut rien faire sans l’eau. Même les changements climatiques qui sévissent, les mesures d’adaptation passent par la ressource. C’est à travers l’eau qu’on sait comment les changements climatiques se manifestent et on trouve des solutions adaptées. Il ne faut pas oublier que les autres systèmes sont évalués à partir de l’eau.
Quelles sont les conséquences de la non maitrise de l’eau ?
Nous allons disparaitre tout simplement et c’est cela la vérité. Il faut aider encore une fois la Guinée à protéger ses têtes de sources puisque des millions de vie en dépendent et nous avons constaté qu’il y a une dégradation avancée au niveau des têtes de sources. Quand vous prenez le fleuve Niger qui prend sa source dans le haut Niger, il arrose 9 pays de l’Afrique avant de se jeter dans l’océan atlantique. C’est donc dire que si on n’aide pas la Guinée à protéger ses têtes de sources, les fleuves vont disparaitre. Et je ne vous apprends rien, s’il n’y a pas d’eau, pas de vie sur terre.
Quelle est la meilleure stratégie de communication pour une gestion intégrée et durable des ressources en eau dans un pays comme la Guinée ?
Il y en a beaucoup et cela en fonction des réalités. Actuellement, par exemple, il y a un programme de GIRE, gestion intégrée des ressources en eau, le delta du Niger. On va voir comment le Pnegui peut capitaliser cela et mettre au niveau national et sous-régional. C’est une possibilité dont nous avons parlé avec la Direction nationale de l’hydraulique. Il y a également des outils qui ont été élaborés dans le cadre du Projet Mékrou qui est en partage le Bénin, le Burkina Faso et le Niger. Nous avons à l’occasion des films documentaires e-water et des bandes dessinées. Ce projet, dans sa deuxième phase, va s’étendre à d’autres pays et nous allons voir comment associer la Guinée qui a d’immenses ressources en eau et dont la plupart des fleuves internationaux y prennent leurs sources.
Quelle est la place des médias?
On ne peut pratiquement rien faire sans les médias. Ce sont des partenaires stratégiques avec lesquels nous travaillons déjà et nous allons continuer. Nous encourageons les Partenariats nationaux à le faire. On ne peut pas atteindre les cibles, si on ne passe pas par les médias. Le Partenariat régional de l’eau est une institution de plaidoyer et de sensibilisation. Vous voyez donc toute l’importance qu’il y a d’associer les médias dans ce que nous faisons si nous voulons parvenir à une gestion intégrée et durable des ressources en eau pour les générations présentes et futures.
Merci monsieur Coulibaly
Merci à vous.