Les gardes pénitentiaires ont décidé de se faire entendre ce mardi 10 mai à travers une grève générale et illimitée jusqu’à nouvel ordre. Une manière de pousser les nouvelles autorités à faire face à leur misère. Ce débrayage paralyse en majorité les cours et tribunaux du pays.
Les gardes pénitentiaires guinéens sont presque des bénévoles. Ils n’ont ni grades ni dotations en uniformes. Ils doivent se contenter des petites primes afin de passer leur travail. Ne pouvant plus, ils décident d’entrer en grève, boycottant notamment les extractions des prisonniers, les audiences dans les différentes juridictions…
Ils sont au nombre de 135 grévistes qui exigent au ministère de la Justice l’application du statut particulier du personnel pénitentiaire et le régime juridique des établissements pénitentiaires, des grades, des primes, des salaires, des indemnités, mais aussi des équipements.
Le Président de la commission et des suivis, également porte-parole du personnel des gardes pénitentiaires, Mamady 2 Camara, explique leur calvaire: “Depuis vendredi jour où nous avons lancé cette grève jusqu’à maintenant là, il n’y a pas eu de sortie ni de rentrée. La comparution du Dr Kassory Fofana et Cie n’a pas eu lieu aujourd’hui parce que nous sommes en grève. Notre grève est organisée de telle sorte qu’aucun détenu ne puisse sortir de la prison sauf s’ils ont exprimé les peines. Et aucun nouvel entrant. Tout ordre venant de la justice, des tribunaux n’est pas à exécuter tant que nous sommes en grève. L’administration de la garde pénitentiaire a été créée depuis 2000. De 2000 jusqu’en 2003 nous sommes payés à 570 000 GNF. Nous avons fait la première grève en 2007. Depuis 2007 jusqu’à maintenant là, tout ce DONT nous avons bénéficié, c’est suite à une grève ».
Les contestataires ont rencontré des émissaires du ministère de la Justice qui leur ont demandé de surseoir à leur grève, le temps pour eux de résoudre le problème. Mais ces bénévoles ont purement rejeté cette demande, puisque, selon leur porte-parole ”de telles promesses avaient été prises par les mêmes cadres”.
C’est pourquoi, cette fois-ci, ils disent compter «aller jusqu’au bout» de leur revendication. « Nous avons mené des démarches pour pouvoir rencontrer les nouvelles autorités. Comme nous relevons du ministère de la Justice, nous avons écrit au Président de la Transition en passant par la hiérarchie, il nous a dit d’attendre le moment opportun les autorités vont nous appeler. Mais jusqu’à maintenant rien. Jusqu’à présent nous n’avons pas de grade. Notre salaire est très petit. Un garde est payé à 1 360 000 francs guinéens. Nous voulons que nous soyons bien rémunérés », a-t-il lancé dans l’émission ”On refait le monde” de Djoma Médias.