Les réactions se multiplient après l’annonce de la destitution de Kelefa Sall président de la Cour constitutionnelle. Dans une interview qu’il a accordée à notre rédaction, Pr Salifou Sylla ancien ministre de la justice et professeur de droit constitutionnel déplore cette crise et pointe un doigt accusateur au pouvoir d’Alpha Condé.
”Je déplore ce qui se passe au sein de cette institution. Je pense que le dysfonctionnement de cette cour constitutionnelle a commencé depuis qu’elle existe et c’est ce qui se poursuit. J’ai entendu dire qu’on a destitué le président de la cour constitutionnelle à l’occasion du renouvellement partiel de l’institution. La question que je me pose est de savoir, en vertu de quel pouvoir on le destitue ? Je ne vois pas un article dans la constitution qui permet de le destituer. On m’a parlé de loi organique et de règlement intérieur. Hiérarchiquement, ces deux dispositions sont inférieures à la constitution. C’est pourquoi ces dispositions doivent être conformes à la constitution. Dans l’article 101 alinéa 2 de la constitution guinéenne, il est dit que le président de la cour constitutionnelle est élu pour un mandat de 9 ans non renouvelable. À partir de ce moment là, il n’est pas soumis au tirage au sort comme certains le prétendent. On ne peut pas dire une chose et son contraire dans un même article. On me dit qu’il y a un PV qui a été signé. On me l’a lu entièrement au téléphone. En tant que professeur de droit constitutionnel, je ne savais pas qu’il y avait un PV qui emporte une décision juridique”, s’est longuement expliqué Pr Sylla.
Une réunion de plusieurs constitutionnalistes est prévue ce vendredi pour discuter de ce problème avec documents à l’appui. À l’issue de la rencontre, un communiqué sera publié.
Une main noire d’Alpha Condé pour se débarrasser de Kelefa Sall qui a manifesté son opposition à un éventuel troisième mandat ?
”Je n’ai aucun doute qu’il y ait quelque chose derrière. On l’a malmené depuis qu’il a tenu ces propos là. Je ne suis pas étonné parce que ce pouvoir est là, pour déstructurer l’État guinéen. C’est un chaos juridique et institutionnel auquel nous assistons en Guinée. Le vendredi, on fera un appel collectif”, a indiqué l’ancien ministre de la justice.