Dans cette interview, le vice-président du parti Udg, le député Elhadj Dembo Sylla revient les propos du maire de Kindia et fustige le chronogramme électoral proposé par la Ceni. Il aborde également la modification constitutionnelle et assure la ferme volonté du Front national pour la défense de la Constitution d’empêcher un 3e mandat d’Alpha Condé.
Guinee360.com: Vous venez de sortir de la retraite de Kindia sur l’élaboration du chronogramme des élections législatives. Quelles sont les grandes décisions?
Hon. Dembo Sylla: En tant qu’opposition républicaine, on a été invité à cet atelier sur deux thèmes fondamentaux : la capitalisation des élections communales du 4 février 2018 et définir un chronogramme des élections législatives. Les discussions ont été biaisées parce que la majeure partie de thèmes exposés le long des journées étaient des sujets relevant de l’organisation juridique, administrative de la Ceni. Il faut dire que nous sommes très déçus. C’est à cause de cela d’ailleurs que l’opposition dans son grand ensemble (l’opposition républicaine, la Cod et la Cpr) nous avons produit une déclaration pour exprimer notre déception par rapport aux résultats de l’atelier.
Qu’est ce qui n’a pas marché?
En ce qui concerne le projet de chronogramme, la Ceni nous a simplement étalés une chronologie d’activités qu’elle mettrait de la première opération électorale jusqu’au scrutin et qui s’étalerait sur 235 jours c’est-à-dire 7 mois et 25 jours. Cela même est subordonné à la levée d’une dizaine de contraintes et préalables. Ça concerne le matériel qui leur permette d’organiser tout le processus électoral. Moi, j’étais étonné de voir la Ceni réagir comme si elle était à sa première élection alors qu’elle a organisé beaucoup de scrutins. La Ceni aurait pu sauvegarder certains matériels issus des élections antérieures. D’après l’institution, elle dépense beaucoup d’argents en ce qui concerne la rubrique de magasins de stockage des matériels. A supposer que le budget soit mis à la disposition de la Ceni, les élections législatives auront lieu plutôt en décembre ou dans la première quinzaine de janvier 2019. Ce qui est scandaleux et nous intimons à la Ceni et à l’Exécutif de prendre les dispositions de nous donner un chronogramme électoral viable.
L’atelier a donc été une déception pour vous?
C’est une déception totale puisqu’on devait sortir avec un chronogramme. Ce ne sont pas des novices. La Ceni existe depuis longtemps. Elle devrait donc régler les contraintes avec l’Exécutif avant de convoquer l’atelier.
Qu’elles ont été les engagements de la Ceni?
La Ceni a promis de compiler toutes ces recommandations et a assuré qu’elle prendra toutes les dispositions pour la mise en œuvre. Nous attendons de la Ceni un calendrier précis qu’elle soumette aux acteurs du processus électoral pour que nous puissions avoir une visibilité sur le prochain chronogramme pour qu’on sorte des législatives rapidement. S’ils ont la volonté, ils peuvent aussi immédiatement planifier les élections présidentielles pour que le scrutin soit à date constitutionnel.
Qu’en est du recrutement d’un nouvel opérateur technique?
Avant de partir à Kindia, nous avons assisté à la 26e session du Comité de suivi des accords politiques au cours de laquelle, la Ceni a déposé le rapport d’audit. Compte tenu de l’état désastreux du fichier électoral, les experts ont recommandé fortement que tous les électeurs repassent devant les Carle pour se faire enrôler. La Ceni a dit qu’elle va lancer un appel d’offres pour le recrutement d’un nouvel opérateur. A la 26e session, j’ai demandé à la Ceni pourquoi à chaque fois changer d’opérateur technique en Guinée. Elle a dit que c’est parce que le gouvernement n’arrive jamais à payer l’argent du contrat et l’opérateur retient toujours son logiciel. (…)
N’est-ce pas une manœuvre de l’Exécutif de retarder l’organisation de ces élections?
C’est le gouvernement qui fait du dilatoire sur des choses qui ne marcheront pas. On fera tout pour que le gouvernement respecte la loi.
Le maire de Kindia issu de l’Udg a demandé au président Alpha Condé de modifier la Constitution. Quelle est la position de votre parti?
Nous avons désapprouvé et nous nous sommes désolidarisés de son discours. Pour les militants et sympathisants de l’Udg, la déclaration du maire Mamadouba Bangoura n’engage pas le parti. Notre formation politique est active dans l’opposition républicaine et dans le Front pour de la défense de la Constitution. Nous sommes foncièrement opposés à une nouvelle Constitution et, par ricochet, à un 3e mandat pour Alpha Condé. Déjà, le bureau politique national du parti s’est réuni hier, dimanche et aujourd’hui lundi, il y a le Comité stratégique et d’orientation qui se réunit à Dixinn sur la question. Il a été déjà notifié au maire de trouver rapidement le temps de retrouver le comité stratégique auquel il va expliquer les tenants et les aboutissants de son comportement. Et le bureau politique tirera les conséquences.
Où en êtes-vous dans le processus d’installation des cellules du FNDC?
Nous, on ne fera que réagir parce que nous sommes partisans de la stabilité qui existe. Ce sont eux qui veulent déranger cette stabilité. C’est lorsqu’ils sortent qu’on doit les empêcher de sortir faire librement ce qu’ils veulent faire. Nous anticipons certaines actions. Aujourd’hui, nous sommes très avancés dans la composition dans toutes les préfectures de la Basse Guinée des sections Fndc cellules.
Quel est votre avis sur le projet de loi antiterroriste dont l’adoption était initialement prévue le 2 mai avant d’être retiré de la plénière?
Il y a souvent de lois qu’on prend souvent dans nos pays africains en général et particulièrement en Guinée, je me dis que ce n’est pas le fruit d’une réflexion profonde. En ce qui concerne la loi antiterroriste, il faudrait qu’elle ne touche pas l’expression des droits démocratiques. Ce que je déplore, il y a des velléités dans la loi qui sont de nature à être objet d’une interprétation extensive par de gens ou de forces de mauvaise foi. Je suis d’accord qu’on lutte contre le terrorisme directement ou indirectement, mais il ne faut pas que la loi soit un moyen de limiter les mouvements et de restreindre les libertés des citoyens.
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