Dans une adresse à la nation ce lundi 5 mars 2018, Alpha Condé a regretté la grève des enseignants qui, depuis le 12 février dernier, perdure non pas sans «conséquences malheureuses sur le système économique» marquée par «la gabegie financière, économique, la corruption et l’impunité» qu’il a promises de combattre.
Le chef de l’Etat a aussi évoqué les violences post-électorales et dit regretter «profondément toutes les victimes de toutes les violences survenues dans le pays». Il a promis de s’employer «personnellement à encourager un dialogue direct et franc avec toutes les forces vives de la nation pour parvenir à un large consensus sur des questions d’intérêt national».
La Guinée traverse certes des difficultés, a admis le président de la République, «mais si nous en prenons la mesure exacte, sans passion, ni calcul, ces difficultés peuvent être surmontées», a-t-il laissé entendre appelant les citoyens à faire «un véritable sursaut national. Car, quoiqu’il arrive, la Guinée restera debout et forte».
Evoquant la situation de l’éducation, Alpha Condé dit avoir de la peine pour la jeunesse à qui, la grève des enseignants a privé le droit à l’éducation: «Chacun donc peut comprendre ma préoccupation ainsi que celle de toute la nation face à la grève des enseignants qui perdure au grand dam de tous avec des conséquences malheureuses pour tout ce pays et son système économique. Je regrette comme tout Guinéen, les élèves et leurs parents que notre école connaisse une situation de grève. A travers cela, nos enfants aujourd’hui privés de leur droit à l’enseignement, se joue notre avenir individuel et collectif. (…) Je suis convaincu que seul le dialogue et la concertation sont en mesure de mettre fin à toutes les incompréhensions».
De progrès, il y en a eu, mais…
Si des progrès significatifs ont été réalisés par son gouvernement ces dernières années, toutefois, selon Alpha Condé, des efforts immenses restent à accomplir pour améliorer les conditions de vie et de travail des Guinéens: «Tout est prioritaire et tout est urgence, n’en doutez pas. Je prendrai toutes les mesures souhaitées par la majorité silencieuse de nos compatriotes pour combattre la gabegie financière, économique, la corruption et l’impunité. Et il est du devoir de chaque citoyen et plus encore de l’Etat d’inscrire son action, son comportement dans la promotion d’une gouvernance économique et politique vertueuses. Je n’ignore pas les difficultés. Car, il est difficile de changer des habitudes qui sont installées pendant des décennies. Soyez rassurés de toute ma détermination d’assurer cette mission sacrée et patriotique pour l’intérêt supérieur de notre nation et de l’ensemble du peuple de Guinée».
La violence n’est pas une solution
Les violences post-électorales ont fait 9 morts à travers le pays dont 4 à Conakry et 1 à Kindia tués par les forces de sécurité. Alpha Condé soutient que la violence n’est pas la solution: «La violence n’est pas une solution. Je regrette profondément toutes les victimes de toutes les violences survenues dans notre pays. Je m’incline devant la mémoire des enfants innocents (4 enfants, Ndlr) qui ont péri dans l’incendie criminel de Kalinko dans la préfecture de Dinguiraye lors des élections locales».
«Je voudrai aussi dire à toutes les familles endeuillées, attristées qu’elles ne sont pas seules. L’Etat sera toujours à leurs côtés pour leur assurer sa compassion, son soutien et sa solidarité. C’est par la recherche et par la préservation de la justice et de l’égalité entre tous les citoyens que nous parviendrons à une société juste et paisible. Sans l’unité de notre pays et la fraternité entre les Guinéens, nous ne pouvons pas triompher de nos doutes et interrogations et préparer ensemble, en toute confiance, un avenir plus que jamais promoteur».
La Guinée, selon le président, est en marche vers le développement à condition que sa stabilité politique et sociale ne soit pas ébranlée «par des crises sociales à répétition et des conflits politiques permanants». Sur ce, il invite l’ensemble des acteurs sociaux et politiques à faire «une trêve sociale» afin de «consacrer toutes les énergies, tous les talents, toute la compétence à éviter des crises devenues récurrentes et cycliques. Ainsi qu’à créer de la richesse pour endiguer, dans notre pays, la pauvreté».
Au nom de la paix, un dialogue franc
Pour la paix dans le pays, rassure Alpha Condé, «je m’emploierai personnellement à encourager un dialogue direct et franc avec toutes les forces vives de la nation pour parvenir à un large consensus sur des questions d’intérêt national. Ce dialogue a déjà commencé avec les structures socioprofessionnelles et se poursuivra dans les jours à venir. Plus que jamais, la Guinée a besoin de l’union sacrée en action, de la solidarité entre tous ses enfants afin de faire face aux défis de notre époque. Mes chers compatriotes, je crois en vous, en notre pays, à la nation guinéenne. Ensemble, je suis convaincu, nous gagnerons le pari du développement, de la paix, de la prospérité pour tous et du bonheur pour chacun», a-t-il espéré.