Trump ou Biden ? Le suspense restait total, jeudi matin, quant à l’issue du scrutin. Dans plusieurs Etats, dont certains sont susceptibles de basculer d’un côté ou de l’autre, les résultats définitifs étaient encore inconnus.
Donald Trump ou Joe Biden ? L’ancien vice-président démocrate devançait, jeudi 5 novembre au matin, le président sortant républicain en nombre de grands électeurs (264 contre 214) – un candidat doit atteindre la barre des 270 pour être élu. Mais le suspense reste entier quant à l’issue de l’élection présidentielle américaine, alors que les résultats définitifs dans plusieurs Etats, dont certains sont susceptibles de basculer d’un côté ou de l’autre, sont encore inconnus.
Ce que l’on sait
Les deux candidats affichent leur optimisme…
« Je suis venu vous dire que, quand le dépouillement sera terminé, nous pensons que nous allons gagner », a déclaré Joe Biden lors d’une brève allocution dans son fief de Wilmington, dans le Delaware. Une fois le résultat connu, il sera temps « de mettre les discours agressifs de la campagne derrière nous », a-t-il poursuivi, se posant en rassembleur d’un pays meurtri : « Pour avancer, nous devons arrêter de traiter nos opposants comme des ennemis. »
Mercredi, Donald Trump a, lui, revendiqué la victoire, alors que le décompte n’était pas achevé dans plusieurs Etats-clés (les swing states). « Honnêtement, nous avons gagné l’élection », a-t-il déclaré lors d’une brève allocution à la Maison Blanche.
A mesure que le décomptage des votes progresse, et que Joe Biden reprend pied en remportant notamment les Etats du Wisconsin et du Michigan, Donald Trump multiplie les recours en justice pour obtenir la suspension du dépouillement au motif, infondé, que de « surprenants bulletins de vote étaient comptabilisés ».
… et gardent tous deux des chances de l’emporter
Pour Donald Trump, l’équation est toujours aussi simple : faute d’avoir étendu sa carte électorale à deux Etats démocrates considérés comme gagnables au début de la campagne (Minnesota et New Hampshire), il doit conserver l’écrasante majorité de ceux qu’il avait remportés en 2016. Parmi ceux qui n’étaient pas encore attribués mercredi, le président sortant était bien placé en Géorgie et en Caroline du Nord.
Joe Biden peut également l’emporter. Selon l’agence de presse Associated Press (AP), qui fait référence en la matière, le démocrate a remporté l’Etat crucial de l’Arizona (onze grands électeurs), acquis à Donald Trump en 2016. Ce dernier conteste toutefois ces résultats non définitifs. Il a également remporté le Wisconsin (dix grands électeurs) et le Michigan (seize grands électeurs). Il pourrait ainsi se dispenser de la Pennsylvanie (20), où le président Trump est en tête, mais à une condition, qui n’était pas encore remplie jeudi matin : conserver le Nevada (6).
Recul des démocrates à la Chambre des représentants
En plus de désigner le futur locataire de la Maison Blanche, les électeurs se prononçaient également pour le renouvellement du Congrès. Comme cela était largement anticipé, les démocrates ont gardé le contrôle de la Chambre des représentants. Mais les chances d’un basculement du Sénat du côté démocrate s’amenuisent, après la réélection de plusieurs républicains.
Un taux de participation record
Jamais autant d’Américains n’avaient participé à l’élection présidentielle depuis que les femmes ont obtenu le droit de vote, en 1920 : 160 millions d’électeurs ont voté, soit une participation estimée à 66,9 %, contre 59,2 % en 2016, selon le site United States Elections Project, plus encore qu’en 2008, quand Barack Obama avait été élu.
De nombreux Etats ont été débordés par un déluge de bulletins envoyés par correspondance, principalement en raison de la crise sanitaire.
Le vote par correspondance, un nouvel enjeu
Près de 100 millions d’Américains ont voté par anticipation (sur place ou par courrier). C’est trois fois plus qu’en 2016. Les bulletins de vote envoyés par la poste font l’objet d’une campagne de désinformation de la part de Donald Trump, qui en dénonce quotidiennement le fonctionnement. Bien que le vote par correspondance soit déjà en place depuis de nombreuses années, le président des Etats-Unis dénigre un système favorisant, selon lui, la fraude de grande ampleur.
Ce que l’on ignore
Quand connaîtra-t-on le nom du prochain président ?
L’attente dure. Tous les bureaux de vote ont fermé. Mais comme chaque Etat dispose d’un calendrier spécifique concernant le dépouillement des bulletins de vote par correspondance, le dépouillement complet pourrait prendre un certain temps.
En Pennsylvanie – Etat-clé, républicain en 2016 –, le dépouillement pourrait se poursuivre jeudi. Dans le Nevada, un autre Etat-pivot, qui avait vu Hillary Clinton l’emporter en 2016, si près de 80 % des votes ont été pris en compte, les bulletins envoyés par correspondance sont acceptés jusqu’au 10 novembre, tant qu’ils ont été postés jusqu’au jour de l’élection. Et en Caroline du Nord, remportée par le président sortant en 2016, le dépouillement pourrait durer encore plus longtemps, car l’Etat accepte les bulletins par correspondance jusqu’au 12 novembre.
Donald Trump acceptera-t-il une éventuelle défaite ?
Depuis des mois, le candidat républicain prépare le terrain : s’il perd l’élection, c’est forcément parce qu’elle aura été truquée. La tendance à l’exagération – et à la mauvaise foi – du locataire de la Maison Blanche n’est plus à prouver, et il a déjà, par le passé, régulièrement affirmé que les élections dans lesquelles il était engagé étaient « truquées ».
Lors d’une prise de parole dans la nuit de mardi à mercredi, Donald Trump a d’ailleurs accusé les démocrates de tenter de « voler » sa « grande victoire ». « Jamais nous ne les laisserons faire », a-t-il ajouté. Evoquant une « fraude » – sans livrer aucun élément concret –, le président des Etats-Unis a également assuré vouloir saisir la Cour suprême, sans préciser pour quel motif.
Joignant la parole aux actes, son équipe de campagne a ainsi appelé à un nouveau comptage des voix dans l’Etat du Wisconsin, arraché d’une courte tête par Joe Biden, et demandé une suspension des dépouillements en Pennsylvanie. « Nous agissons en justice pour suspendre le dépouillement en attendant plus de transparence », a expliqué Bill Stepien, le directeur de campagne de M. Trump.
Source: Le Monde