Le 4 juillet 1985, la Guinée a connu un mouvement de crise émaillé par une violence qui a provoqué des morts. Il s’agit d’une situation dite de ‘’conspiration sociopolitique ourdie contre la communauté malinké dans le but de son extermination’’. Ce jour (4 juillet 2019), a été une date pour le collectif des victimes de cet événement qui l’ont commémorée à travers une conférence de presse, sur le thème ‘’commémoration de l’an 34 du génocide du 4 juillet 1985’’.
Dans cet entretien avec les médias, les responsables de ce collectif des victimes de répression ont touché en profondeur les actes ‘’criminels’’ dont ils ont été victimes sous la coordination du Comité militaire de redressement national (CMRN).
«Dans cette atmosphère de haine et de règlement de compte, certains citoyens guinéens en majorité malinké furent arrêtés et jetés dans les geôles des 32 escaliers du camp Alpha Yaya Diallo puis, transférés deux ans plus tard à la maison centrale de Kindia et soumis durant toute la période de détention à des traitements cruels, dégradants et inhumains», se souvient Elhadj Lansana Condé, président du collectif.
« Nous avons contacté les autorités concernées à savoir la Justice. Les jugements ont été rendus en dehors de l’application de l’ordonnance. Nous sommes allés voir l’agent judiciaire de l’Etat qui a écrit à son tour à l’Etat pour que les bénéficiaires entrent en possession de leur droit. Nous n’avons pas obtenu gain de cause. En plus de cette situation de restitution de biens, les Nation unies ont envoyé un fonds de consolidation de la paix pour les victimes aux pays voisins de la Guinée (Côte-d’Ivoire, Sierra Leone, le Libéria) pour une marque d’indemnisation. Après une enquête menée par l’AVR, il ressort que les victimes en Guinée n’ont pas reçu leur argent. Tous ces pays ont remis à leurs ressortissants les montants alloués. En Guinée, nous avons déployé tous les efforts pour que le gouvernement remette cette somme aux victimes, sans succès!», révèle Elhadj Ibrahima Sory Dioumessy, vice-président de l’AVR.
Ces victimes disent taper à plusieurs portes, documents à l’appui pour la cause mais sans réussite. D’abord chez l’ex-premier ministre Mohamed Saïd Fofana, quand il était à la primature. Pourtant, un délai avait été élaboré par les Nations unies. L’Institution avait signalé qu’à date du 1er mars 2019 dépassée, la Guinée ne pouvait plus bénéficier de ce montant, élevé à 32 millions de dollars US.
« Nous sommes dans cette logique de réclamation de nos droits. Nous sommes une organisation apolitique. Nous défendons les intérêts des victimes. Ceux qui sont morts, nous collaborons avec leurs familles… », a dit le vice-président du collectif.
Les victimes de répression de 1985 envisagent, en plus de la Justice guinéenne, poursuivre les démarches auprès de la Haute Cour de Justice de la CEDEAO « pour que cette justice intervienne auprès de l’Etat guinéen pour mettre à la disposition des victimes les fonds accordés par le système des Nations unies », ont exprimé les représentants du collectif.
Ils ont formé une équipe d’avocat composée de guinéens et étrangers pour défendre leur cause devant les juridictions guinéennes et étrangères.
Les ‘’Pardons’’ d’Alpha Condé
A son avènement au pouvoir, l’actuel président de la République affiché son regret suite à cette tragique répression sous le régime du Général Lansana Conté. Alpha Condé a ensuite demandé pardon aux victimes. Les concernées (victimes) ont accepté le pardon mais « il faut qu’il y ait réparation des dommages et restitution des biens», répond le collectif de l’AVR.
Les victimes de répression autrement appelés ‘’Victimes de 1985’’, exigent l’application du contenu de l’ordonnance Numéro 008/PRG/GG/90 du 10 février 1990, promulguée par le président de la République d’alors, Feu Général Lansana Conté.
Cette ordonnance accorde une amnistie générale à tous les Guinéens condamnés pour délits politiques et ordonne la restitution de tous les biens saisis appartenant aux personnes impliquées dans la tentative du coup d’Etat du 4 juillet 1985 en les rétablissant dans leurs droits. « Mais à ce jour rien n’est fait dans ce sens », annoncent-ils.