Des conflits ethniques aux contentieux électoraux, en passant par l’administration des institutions républicaines, la fonction publique et les violations des droits de l’Homme, le président du Parti de l’Espoir pour le Développement National affiche une déception générale de la gouvernance d’Alpha CONDÉ.
Interviewé par nos confrères de la radio Espace, ce 04 avril 2018, Lansana Kouyaté s’est tout d’abord exprimé sur l’ethnicisation du débat politique: “C’est dommage que nos compatriotes se mettent dans cette guerre ethniciste, on est en train de cultiver les haines pour pouvoir tirer des avantages politiques. On est en train d’être relégué au dernier rang des sociétés civilisées. Il faut ouvrir le ventre de notre histoire, avoir le courage d’aborder des sujets qui peuvent fâcher, mais qu’il faut conduire avec pédagogie“.
Concernant la vague d’imbroglios juridiques qui plane au niveau des institutions étatiques, l’ancien Premier ministre explique que “face à ce pouvoir il n’y a pas d’institutions républicaines, le président de la Cour constitutionnelle a eu le courage de dire la vérité. Je ne vois pas comment des conseillers peuvent demander au chef de l’Etat de mettre fin au pouvoir du président de la Cour constitutionnelle alors que son mandat est prédéterminé. Tant que le pouvoir exécutif jouera le rôle du législatif et du judiciaire la Guinée ne verra pas le bon bout. On a un pouvoir qui prend en otage l’Assemblée, la Cour constitutionnelle et toutes les autres institutions. C’est un pouvoir centralisé qui ne fait absolument rien pour laisser souffler les institutions. Au-delà des institutions, les fonctionnaires sont pris en otage, ils sont obligés de faire ce que l’exécutif veut. La personne physique n’existe plus, quiconque est dans l’administration publique appartient à l’Etat qui est en place“.
Projet de remaniement ministériel
“C’est une mauvaise façon de conduire les affaires de l’Etat. Le travail le plus difficile pour un chef d’Etat c’est de mettre en place son gouvernement, c’est un travail extrêmement délicat. On ne l’annonce pas avant d’être prêt, cette action du président est à la limite du ridicule. Quel est le gouvernement qu’il faut à la Guinée? Est-ce que ça suffit d’avoir des gens compétents, quand le président est au début et à la fin de tout? Je plains les quelque ministres compétents qui sont dans le gouvernement“, regrette Lansana Kouyaté.
Accords politiques
“Le gros handicap c’est le président lui-même. On n’attend pas grand chose de ces consultations parce qu’elles ne sont pas nouvelles et le mode opératoire n’est pas nouveau. Il y a 15 points fondamentaux qui n’ont pas été respectés sur 18 points, les accords ne sont pas respectés. Un pays ne marche que quand on a décidé et qu’on les respecte. On est dans un jeu de ping-pong de mauvaise augure“, prédit-il.
Tueries lors des manifestations
“Le chef de file de l’opposition doit-il renoncer à son budget pour indemniser les familles de victimes? Je demande au président de l’UFDG de renoncer à son budget d’une année pour pouvoir indemniser les familles des victimes des assassinats lors des manifestations, puisque l’Etat en est incapable. On doit juger les coupables des tueries de quelques bords qu’ils soient“.
Concertation entre pouvoir et opposition
Lansana Kouyaté se montre plutôt critique face à la décision du chef de file de l’opposition Cellou Dalein Diallo de répondre à l’appel d’Alpha Condé: “Le président de l’UFDG à mal fait en répondant à l’appel du chef de l’Etat. Pourquoi il est allé? La grandeur ne consiste pas à pousser son égo, mais c’est de voir les souffrances de son peuple. Pourquoi il est parti quand il sait d’avance que ça ne sera pas fait? Si c’était moi j’allais faire preuve de plus de fermeté“.
Toute fois, le président du PEDN affirme être ouvert à toutes discussions.