La mission d’appui technique à la Ceni envoyée par la Cedeao a Conakry fait l’objet de polémique. L’opposition doute de la sincérité des experts et prévient que tout travail sur le fichier électoral doit être basé sur l’audit réalisé par l’UE, l’OIF et le PNUD.
Composée de «trois experts spécialisés en matière d’audit du fichier électoral» en l’occurrence MM. Moussa Abdou, Nouroudina Tall et Amangoua Loockensey, la mission va séjourner du 3 au 13 mars 2020 à Conakry pour assister la Ceni dans la correction des anomalies du fichier électoral.
Le pacte de convergence de la Cedeao violé
Paradoxalement, la lettre adressée aux autorités guinéennes est signée par le commissaire aux affaires politiques, paix et sécurité, le général Francis Béhanzin. contrairement aux dispositions du Pacte de convergence de la Cedeao sur la démocratie et de la bonne gouvernance.
«A la demande de tout État membre, la Cedeao peut apporter aide et assistance à l’organisation et au déroulement de toute élection. Cette aide ou assistance peut s’effectuer sous n’importe quelle forme utile. De même, la Cedeao peut envoyer dans le pays concerné une mission de supervision ou d’observation des élections», stipule l’article 12 du Pacte qui, toutefois, précise clairement «la décision en la matière est prise par le président de la commission». Donc, normalement, la lettre devrait être signée par Jean-Claude Kassi Brou qui préside actuellement la Commission de la Cedeao.
Manque de crédibilité des experts
Jacques Bonimy, président de l’UPG et ancien commissaire à la Ceni suspecte la crédibilité de la mission de la Cedeao. «Le problème du fichier électoral ne peut pas être réglé par 3 experts en 10 jours. Malheureusement, la mission n’est pas claire. Un travail technique à apporter à la Ceni doit aller sur la base du rapport d’audit du fichier électoral réalisé par l’UE, l’OIF et le PNUD».
«Ce n’est pas la première fois pour M. Nouroudina Tall d’être en Guinée. C’est est une personnalité douteuse. Il fait partie des experts qui ont travaillé sur le fichier électoral en 2013 et en 2015. On avait dénoncé son comportement par le passé à la Ceni. Je pense que sa présence dans cette mission n’est pas une bonne chose», estime M. Bonimy.
Et dire que la Cedeao s’est fourvoyée dans le processus électoral guinéen!