Le procureur spécial de la Cour de répression des infractions économiques et financières (CRIEF), a fait des révélations sur des prétendus détournements dont est accusée l’ancienne ministre de l’Enseignement technique et de la formation professionnelle. Outre Zenab Nabaya Dramé, Aly Touré annonce l’ouverture d’une procédure judiciaire deux autres anciens ministres du gouvernement d’Alpha Condé.
Dans son déballage, le procureur Aly Touré a rappelé qu’au courant novembre 2020, le site d’informations Guineenews avait dénoncé une piste de détournement par un membre du gouvernement, estimé à environ 200 milliards Gnf. Dans cette dénonciation, précise le procureur spéciale près la CRIEF, « il ressort que de 2014 à 2018, Mme Zenab Nabaya Dramé, à l’époque Directrice des affaires financières au ministère de l’Agriculture, a reçu un montant de 56 milliards de francs guinéens qu’elle a utilisé sans aucune justification. De 2018 à 2020, pendant que la même personne était au ministère de la Santé en qualité de Directrice des affaires financières, un montant de 17 milliards avait été décaissé dans le projet de construction de la nouvelle pharmacie centrale dans un site à Coyah. Sur ce montant, l’entrepreneur qui était sur les travaux n’a reçu que 7 milliards de nos francs. Les 10 milliards qui étaient encore consignés au niveau du Trésor public ont été utilisés par Mme Zenab Dramé sans aucune justification, parce que lorsque les enquêteurs sont allés au niveau du Trésor, ils n’ont trouvé dans les caisses que 41 millions de nos francs.»
Poursuivant ses révélations sur les prétendus détournements impliquant l’ancienne ministre de l’Enseignement technique et de la formation professionnelle, Aly Touré ajoute qu’en 2020, pour l’organisation des examens de sortie des écoles professionnelles, alors que la même personne était maintenant ministre, elle a trouvé « un budget de 20 milliards et quelque», qui avait été validé par l’Assemblée nationale et retenu comme budget des examens de sortie de l’enseignement technique.
A son arrivée, indique le procureur, «elle a soutenu que le budget était très peu et qu’il fallait augmenter. C’est ainsi que le budget a été augmenté et est parti à hauteur de 43 milliards 483 millions 406 mille GNF. Sur ce montant qui devait donc servir à l’organisation des examens et concours de sortie des écoles professionnelles, Mme Zenab Dramé n’a remis aux cadres techniques du département que 15 milliards pour organiser ces examens, de sorte que pendant ces examens, dans les travaux pratiques, organiser les sessions par candidat, un ouvrage à réaliser, ils étaient obligés de regrouper les candidats pour groupe de 15 et 20 [candidats] pour réaliser un seul ouvrage, parce que le budget était insuffisant. Le reste du budget n’a jamais été utilisé par ces cadres techniques et le ministre du Budget avait entièrement décaissé les 43 milliards GNF. Toujours au niveau du ministère de l’Enseignement technique, elle a demandé et obtenu la somme de 35 milliards 857 millions 457 mille 923 GNF au titre de l’achat des équipements ; équipements qui n’ont jamais été achetés, parce que les traces n’ont jamais existé au ministère de l’Enseignement technique. Dans la même logique, dans le cadre de la lutte contre la pandémie de Covid-19 pendant les examens de sortie, un montant de 1 milliard 582 millions 780 mille 800 GNF a été décaissé et mis à la disposition du ministère de l’Enseignement technique par le biais de la DAF. Ce montant a été utilisé sans aucune justification.»
A l’analyse de ces différentes situations et ayant constaté un préjudice subi par l’Etat à hauteur «de 131 milliards 923 millions 644 mille 723 GNF et par les étudiants qui étaient candidats de sortie aux examens de sortie de l’école professionnelle session 2020, le parquet de la CRIEF a requis l’ouverture d’une information judiciaire contre Mme Zenab Nabaya Dramé pour les faits de détournements de deniers publics et blanchiment d’argent ; Mme Evelyne S. Mansaré, M. Ismaël Dioubaté, à l’époque ministre du Budget et M. Tibou Kamara ministre conseiller à la Présidence pour des faits de complicité de blanchiment d’argent et de détournements de deniers publics.»