L’association des journalistes dénommée Presse Solidaire a rendu son rapport d’enquête sur les conditions de vie et de travail des journalistes guinéens ce samedi 30 avril 2022, à Conakry, lors d’une conférence organisée à cet effet. L’étude dresse un tableau peu reluisant.
Cette enquête menée du 31 mars au 22 avril 2022, a révélé la face cachée de la presse guinéenne. L’enquête prend en compte les contrats de travail, le traitement salarial, la formation continue des journalistes, les conditions matérielles, les conditions d’accès à l’information dans les services publics, privés et auprès des institutions et organismes internationaux.
L’étude a touché un échantillon de 220 journalistes travaillant dans la presse publique et privée, de toute catégorie de médias confondu.
Parmi les journalistes qui ont bien voulu répondre à l’enquête, 60.58% n’ont pas de contrat dûment signé avec leurs employeurs et 21.11% n’ont pas de salaire. Ceux qui ont des salaires, seulement 5, 56% sont payés à un montant supérieur à 3 millions de francs guinéens alors que d’autres reçoivent un moment inférieur au SMIG (440 mille francs guinéens revu récemment à 550 mille). Certains journalistes sont devenus des stagiaires à vie. Là aussi l’enquête a démontré que des journalistes seraient en situation de stage depuis plus d’une décennie. À ce point, d’ailleurs, le journaliste et président de l’association Alliance Médias n’a pas manqué de confirmer que certains journalistes ont fait plus de 20 ans dans cette situation à Radio et Télévision guinéenne (RTG).
C’est une enquête assez intéressante sur les conditions de travail des journalistes. La majorité des journalistes guinéens sont des débrouillards. Ils trouvent eux-mêmes leurs moyens de déplacement, leurs frais de connexion, leurs crédits téléphoniques…
« […] La majorité des répondants, soit 52.02 %, disent n’avoir rien de tous ces éléments. Et seulement 31.61% des répondants disposent d’une carte de presse délivrée par la HAC. Pour ce qui concerne l’assistance sociale, un peu plus de la moitié des journalistes interrogés (50.89%) n’a ni assurance maladie, ni soutien aux charges de logement. Ils n’ont bénéficié d’aucun soutien quand ils ont un décès ou un mariage», révèlent les enquêteurs.
Au-delà de ces difficultés, il y a l’accès aux sources d’informations. Presse solidaire note 60.59% de journalistes qui ont été empêchés d’accéder à des informations au niveau du Gouvernement et 46.47% au niveau des autres services publics. Le secteur de la défense et de la sécurité a battu le record à ce niveau avec 63.53%. Les institutions internationales occupent également une place assez surprenante malgré leurs réputations (30 %) et le secteur privé (21.18 %).
Et pourtant, rappellent les enquêteurs qu’une en la matière existe bien en Guinée. Il s’agit de la Loi L0027 du 19 décembre 2020 portant droit d’accès à l’information publique. Pour étayer leurs arguments, ils citent l’article 2 de la loi qui dit ceci : «L’accès à l’information est un droit fondamental de chacun qui recouvre l’information sur la liberté d’expression et le droit à l’information. Tout citoyen peut demander et obtenir un accès à l’information et aux documents administratifs, sans avoir à justifier le motif de la demande.»
RAPPORT 2021 SUR LES CONDITIONS DE VIE ET DE TRAVAIL DES JOURNALISTES GUINEENS